Samedi, l'épreuve du Quinté+ a été interrompue après plus de deux mille mètres de course, la majorité des compétiteurs n'ayant pas compris qu'il fallait emprunter "l'itinéraire bis" balisé partiellement par les hommes de piste pour éviter le pauvre Rock'nroll de Poligny, gisant au pied du premier obstacle. France Galop, comme le prévoit l'article 172 de son Code (la course ne peut pas être recourue le jour même si les chevaux de tête ont déjà franchi plus de trois obstacles, au moment où elle a été arrêtée. Toutefois, lorsque le parcours accompli par les concurrents est supérieur aux limites fixées ci-dessus, mais que la majorité simple des propriétaires ou leurs représentants demandent que la course soit recourue le jour même, les Commissaires de courses peuvent en donner l'autorisation) a interrogé les professionnels, qui ont, à une large majorité, décidé de recourir la course le jour même, en fin de réunion. Une décision qui n'a pas tenu compte de l'intérêt des turfistes, qui avaient pourtant engagé près de 10 millions d'euros sur cette épreuve. Ceux-ci n'ont pu annuler leurs paris qu'après la dernière course et n'ont eu qu'une vingtaine de minutes pour revoir leur copie. Rappelons aussi que la tenue de certains sauteurs était sujette à caution. Avec 6.300 m (2.000 m + 4.300 m) à parcourir, leurs chances étaient largement compromises...
Dans un terrain très pénible, comme samedi dernier, quelques chevaux avaient déjà brûlé une bonne partie de leur carburant dès la "première batterie". Et avec cinq non partants (et huit chevaux à l'arrivée), nous n'étions plus loin de la course-loterie.
Dans de telles conditions, la décision la plus raisonnable aurait été d'annuler la course et de la recourir plus tard. Et non de sauver la recette.
Le sort des parieurs ne peut être laissé à la seule appréciation d'entraîneurs dont le métier n'est pas d'organiser des courses.
Cela passe par plus de présence des joueurs dans le Code des courses. Dans cet esprit, il serait souhaitable que les commissaires "doivent" et non "peuvent", comme on le lit trop souvent dans le règlement.
Car ce Code doit garantir l'intérêt de tous, y compris des chevaux et des turfistes. Espérons que ceux-ci ne sont pas rancuniers. Car la fameuse recette pourrait vite en souffrir.
Christophe Ugnon